Mes vœux de nouvel an
A 
Emmanuel Macron
Moussa Faki Mahamat 
Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO

Chers Présidents,

L’exception tchadienne que vous aviez solennellement consacrée un 23 avril 2021 à N’Djaména a effectivement produit les résultats attendus :

- 20 août 2022, tenue d’un Dialogue National Inclusif (DNI) dont les résolutions sont connues d’avance : prolongation de la période de transition à l’issue de laquelle le putschiste Mahamat Kaka sera reconduit pour 24 mois aux termes desquels il organisera des élections présidentielles. Sans surprise, il sera candidat élu d’office parce que les conclusions étaient déjà connues depuis le 11 juin 2022 : deux mandats de 6 ans + 2 ans de transition + 18 mois de pré-transition + révision de la constitution et c’est reparti.
De Paris à Doha, la pièce théâtrale est bien montée avec des acteurs et figurants qui ont tous honteusement et indignement joué leurs rôles d’accompagnateur et de caution politique à la succession dynastique de la famille Itno.

- 20 octobre 2022, plus d’une centaine de jeunes sauvagement massacrés parce qu’ils ont osé s’attaquer au pouvoir que vous, vous avez installé. Certains sont portés disparus d’autres noyés dans les eaux glaciales du fleuve Chari, sans oublier les enlevés, torturés, séquestrés, déshumanisés. De toute l’histoire du Tchad, un tel carnage ne s’était produit dans une telle circonstance. On était à deux doigts d’une guerre civile. Les tentatives de justifications de ce crime contre l’humanité ont donné lieu à l’instrumentalisation des fibres religieuses et communautaires. 

Chers Présidents

Mes vœux les plus ardents pour vous et vos familles respectives pour l’année nouvelle :

- Que 2023 vous apporte amertume, tristesse et désolation. En effet, de milliers de familles tchadiennes vivent dans leur chair et dans leur âme les conséquences de vos prises de positions insensées qui ont ouvert les portes à tous les abus d’autorité et autres gabegies financière : Jet privé, permis de tuer et de laisser mourir, « clanisation » de la fonction publique, dépravation des mœurs et j’en passe.

- Qu’en 2023, vos enfants et proches parents soient enlevés, déportés, torturés, exécutés. Qu’ils vivent le même calvaire qu’ont vécu ces centaines de jeunes gens sortis le 20 octobre 2022 et qui ne sont plus retournés à la maison.

- Que 2023 soit une année inoubliable pour vous. Que le sang de tous ces jeunes versé pour la justice et l’égalité vous tourmente et vous hante jusqu’à la dernière seconde de votre vie terrestre.

Ce sont là mes vœux pour vous et vos êtres chers.

Mauvaise et malheureuse année 2023, chers Présidents.

Sans rancune.

MIARIM Dillah Evariste